Dominique Chauvelier a été l’un des précurseurs du Marathon en France. Athlète, entraineur, meneur d’allure et parfois traileur… « Chauchau » est sur tous les fronts et porte un regard privilégié sur cette discipline qui a élargi la pratique du Running.
Gendarmes et Voleurs, Urban Trail… courses nature et trails font désormais partie de tes rendez-vous incontournables ?
Je suis un passionné de course à pied (et d’athlétisme en général) depuis mon adolescence donc je prends tout et j’apprends tout ! Du 800 mètres aux 24 heures en passant de la route à la nature ! Ces « nouvelles » manières de pratiquer la course à pied apportent de nouveaux coureurs, une autre philosophie de la course à pied, de nouveaux médias et de nouveaux partenaires économiques… donc c’est tout bon !
Retrouves-tu des similitudes entre l’apparition du running dans les années 70 et l’explosion du Trail ?
Oui, sur certains aspects. Le côté passionnés défricheurs d’abord, voire un peu aventuriers. Ce côté précurseur se termine cependant avec la professionnalisation des organisations.
Le côté puriste voire extrémiste : pas de prime pour les meilleurs mais le panier garni au vainqueur, le jambon et le fromage local. Le niveau est pour l’instant franco-français.
Qu’est ce qui selon toi amène les coureurs sur route à s’essayer au Trail ?
Fait de société, période de crise : besoin de se retrouver soi-même, nouveaux décors, retour aux sources, à la nature. La course dite « traditionnelle » sur route est trop aseptisée. Un semi-marathon ne fait pas rêver de part le mot, la distance … idem pour le cross-country (le mot Trail d’Hiver passerait mieux!).
Pour certains coureurs, le trail semble être une fuite, sachant très bien qu’ils s’éloignent de leurs records sur les distances classiques. Mais la discipline constitue aussi une belle source de motivation pour continuer à courir et se fixer de nouveaux objectifs.
Les qualités du coureur sur route sont-elles bénéfiques pour le Trail ?
Les capacités « cardio pulmonaires » du coureur sur route seront bien sûr un atout (VMA importante) … mais ne représentent qu’un faible pourcentage dans la réussite lors du passage au trail. (J’exclus la course nature : Eco trail, gendarmes et voleurs à l’avantage des marathoniens.)
Et quelles sont les qualités que va développer un coureur sur route dans sa pratique du Trail ?
Il va d’abord développer des qualités musculaires (quadriceps), grâce au travail de renforcement musculaire. Ensuite, il va s’adapter au relief et aux sorties plus longues que les sorties traditionnelles du marathonien de 2h /2h30. Enfin, il va s’habituer à « casser du muscle » pour permettre de reconstruire les fibres cassées en fibres plus fortes et plus résistantes.
Quelles difficultés rencontre un coureur sur route dans la pratique du trail ?
Il lui faut oublier le chrono, les temps de passage : savoir marcher, se ravitailler régulièrement (plus proche du monde du vélo) et apprendre à utiliser l’équipement nécessaire : GPS, cardio, frontale, diététique, sac à dos, chaussures « lourdes », bâtons …
Pour un coureur sur route, la pratique du Trail peut-elle améliorer son chrono ?
Désolé mais à part quelques exceptions ou débutants partant de rien, le trail « diésèlise ». Il s’agit d’une spécialité à part, point. Difficile pour un marathonien de battre son record sur un 5000 mètres piste ensuite !
Tu seras présent lors de l’UTMB, quel regard portes-tu sur cette épreuve ?
Un regard curieux. Il y a du haut niveau devant avec des spécialistes semi-pro, et derrière des coureurs (ou concurrents) se battant contre les barrières chronométriques d’élimination pour être ensuite des finishers, tout simplement.
Les marathons sont devenus populaires, les distances semblent se « banaliser », penses-tu qu’il en sera de même pour l’Ultra-Trail ?
Populaire non, car les réglementations et les organisations seront de plus en plus rigoureuses (Fédération, Préfecture, Natura 2000 ….). Les quelques ultras perdureront pour ce qu’ils représentent (UTMB, Diagonales des Fous par exemple) mais la tendance va tout de même aux distances se situant entre 30 et 60 km s’adressant ainsi à une population de coureurs plus importante car plus accessibles.
Tu es le coach de Nathalie Mauclair et de Benoît Holzerny, comment se préparent-ils ?
Nathalie s’entraîne seule, je lui donne seulement des conseils sur les séances de qualité de son entraînement,,. Je la rassure en cas de doute et la félicite dans sa réussite. Se sentir soutenue est tellement important… même de loin ! Elle adapte donc elle-même ses longues sorties spécifiques. Après les championnats du monde de trail (juillet 2013), la TDS sera son objectif de l’été.
Pour Benoit Holzerny, l’un des meilleurs trailers français venant de la route (semi-marathon), c’est exactement la même chose.
Le trail est en pleine expansion, quelle sera selon toi la prochaine étape ?
Probablement une diminution des difficultés et des distances. Disons que je vois des mara-trails , semi-trails (panachage route-chemin-montagne) se multiplier.
Tu seras présent lors de l’UTMB, l’occasion de partager une passion commune?
Bien sûr, avec ce cocktail d’expérience et de découverte à la fois !