Sachez gérer le stress

Par Jean Baptiste QUICLET - Entraîneur cycliste professionnel

Pendant plusieurs semaines, vous vous êtes préparé, vous avez consenti des efforts voire des sacrifices, tant financiers que professionnels ou familiaux. Dans ce contexte, il n’est pas anormal que vous soyez stressé car vous espérez retirer des bénéfices de tous ces efforts. Parfait car du stress, il en faut pour être performant !

De l’importance d’être stressé

Vous êtes stressé car vous vous êtes investi dans un projet, parce que cette compétition vous tient à coeur, parce que vous aimez son parcours, son ambiance, etc… Où est le problème Du stress, il en faut : dans un passé lointain, c’est parce que nous étions stressé que nous avons échappé à nos prédateurs ! Vous ne devez donc pas éviter ce stress car il nous est très utile : c’est lui qui nous motive, oriente et soutient notre action.

Si ce n’est pas le stress qui parfois nous paralyse, qu’est-ce Le stress n’est pas en cause, mais c’est sa quantité qui peut générer des contre-performances : en-deçà et au-delà d’une certaine dose de stress, les performances se détériorent. La relation entre le stress et les performances prend donc la forme d’un U inversé.

Quelles solutions face au stress

Face à une situation stressante, vous pouvez adopter trois attitudes radicalement différentes :

  • Fuir : vous ne voulez pas affronter ce stress, vous vous échappez, vous avez peur et le sentiment d’être en insécurité, oppressé. Nombreux sont les coureurs qui se trouvent dans un tel état d’esprit sur les lignes de départ. Pour quel résultat Ils trouvent une quelconque excuse pour ne pas prendre le départ (blessure, maladie, etc) ou ils abandonnent rapidement.
  • Etre inhibé : vous êtes apathique et dominé, vous ne réagissez pas, bloqué par l’enjeu. Vous allez prendre le départ de la course mais tétanisé par la peur de l’échec, vous n’allez pas être acteur de votre performance.
  • Combattre : le stress que vous ressentez ne vous impressionne pas, au contraire, vous vous en servez pour relever le défi qui se présente à vous.

Laquelle de ces attitudes adopter La dernière, évidemment ! Vous vous êtes préparé de longues semaines durant, physiquement, vous êtes prêt, vous n’allez donc pas renoncer si près du but.

Acceptez d’être stressé !

Une situation est stressante parce que vous la considérez comme telle ! Dédramatisez-là, la compétition n’est nullement une agression mais bien un défi à relever. Le stress, ne le niez pas, il ne doit pas être un sujet tabou ! C’est un état normal qui nous permet de nous adapter, d’agir et de réussir. La ‘‘politique de l’autruche’’ n’est donc sûrement pas la bonne stratégie pour évacuer le stress.

De l’importance des objectifs

Vous viendrait-il à l’idée de vous installer au volant d’une voiture, d’attacher votre ceinture de sécurité et de partir sans connaître votre destination La fixation d’objectifs contribue à soutenir notre motivation et à gérer notre stress : nous sommes stressés lorsque nous ne connaissons pas le futur, notre destination. Se fixer des objectifs, oui, mais pour qu’ils ne génèrent pas un stress excessif, ils doivent répondre à certains critères :

  • Votre objectif, c’est un défi que vous souhaitez relever. Trop facile, il ne soutiendra pas suffisamment votre motivation et génèrera du stress (car risquer l’échec avec un objectif soit-disant facile…).
  • Votre objectif doit être difficile mais pas non plus inatteignable : si vous savez pertinemment que vous n’avez pas ou peu de chance de l’atteindre, vous n’allez pas pleinement vous engager dans votre entraînement et cet objectif va vous stresser. Cet objectif, déterminez-le en fonction de votre niveau réel (et non espéré) et en tenant compte du contexte de votre pratique (disponibilité, lieux d’entraînement…).
  • Le ‘’je verrai bien, je vais faire de mon mieux’’, si souvent entendu, génère du stress. Un objectif doit être précis (‘’je souhaite finir dans les 10’’) et assumé : ne vous cachez pas derrière de vagues objectifs pour sauvegarder votre estime en cas de non atteinte.

Par rapport à qui

Vous allez déterminer votre objectif par rapport à vous ou en fonction des autres concurrents. Lorsque vous participez à une compétition pour avoir votre nom cité sur le journal, rentrer dans les x premiers et/ou pour obtenir une récompense (prime, cadeaux, etc), vous êtes dans une démarche de motivation extrinsèque. Si vous prenez le départ pour le plaisir de courir, progresser, explorer des parcours inhabituels et/ou profiter ‘‘de l’ambiance’’, vous êtes intrinsèquement motivé. Evidemment, nous ne sommes jamais motivés pour la seule obtention de récompenses ou pour le seul plaisir de courir mais nous allons donner priorité à l’une ou l’autre motivation. Or, se référer à soi-même est moins stressant que se comparer aux autres car vous maîtrisez les évènements alors que ce n’est pas le cas dans l’autre contexte.

Etre extrinsèquement motivé pose un autre problème : si vos sensations sont mauvaises et/ou que le déroulement de la course ne correspond pas à celui attendu (vous visiez une place dans les 10 premiers et à mi-parcours, vous êtes annoncé en 40ème position…), quelle va être votre réaction Il y a de fortes chances que vous abandonniez si vous ne réussissez pas à remonter au classement.

Lorsque vos objectifs sont intrinsèquement motivés, vous êtes à l’écoute de vos sensations, vous êtes davantage confiant, sans crainte de l’échec, vous prenez pleinement plaisir à courir…et souffrir !

En étant intrinsèquement motivé, comme vous n’avez ‘‘rien à perdre’’, vous n’allez pas rechigner à prendre des risques et à vous éloigner de votre schéma de course.

Lorsque vous êtes motivé pour améliorer vos performances et non pour être reconnu socialement, votre stress est positif (‘’je n’ai rien à perdre’’), vous écoutez et contrôlez vos émotions.

Etre positivement stressé permet de s’affirmer et de prendre des décisions : vous ne craindrez pas de partir en échappée et de porter des attaques car l’échec ne vous fait pas peur.

Une compétition et sa préparation terminale se déroulent rarement comme prévu. Cette incertitude, vous n’allez pas la considérer comme négative si vous êtes intrinsèquement motivé. Cette incertitude, acceptez et utilisez-la pour améliorer vos performances et prendre le pas sur vos adversaires. Adaptez-vous sans crainte !

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